Homme d'âge moyen devant immeuble en délabrement

Location : logement interdit à louer en France, règles et exceptions

16 novembre 2025

450 kWh/m²/an. C’est la frontière qui, depuis janvier 2023, sépare le logement autorisé de celui que la loi condamne à rester vide. Mais derrière cette ligne rouge, la réalité s’avère bien plus nuancée. Car si la réglementation paraît implacable, elle s’accommode encore d’exceptions, de dérogations, et de zones grises où la rigueur du texte se heurte à la complexité du terrain immobilier français.

Comprendre la réglementation actuelle sur la location et le DPE en France

Ces dernières années, la législation sur la location immobilière en France a durci le ton. La loi climat et résilience a placé le diagnostic de performance énergétique (DPE) au cœur des préoccupations de tout propriétaire qui souhaite louer. Ce diagnostic attribue une note allant de A à G, en fonction de la consommation d’énergie et de l’empreinte carbone du logement. Désormais, ce classement n’est plus anodin : il conditionne l’accès au marché locatif.

Depuis 2023, tout bien affichant un DPE G et une consommation supérieure à 450 kWh/m²/an est frappé d’interdiction de location. Cette mesure cible les passoires thermiques, sources majeures de précarité énergétique. Et le calendrier est serré : en 2025, l’ensemble des logements G seront concernés, les F en 2028, et les E à partir de 2034.

Propriétaires, le temps de la procrastination est révolu. Les travaux de rénovation énergétique ne sont plus une option mais une nécessité : isolation, changement de chaudière, installation de nouveaux équipements… Les dispositifs d’aide financière existent : de MaPrimeRénov’ aux soutiens locaux, l’État accompagne les bailleurs dans cette transformation. Le DPE, longtemps perçu comme une formalité administrative, devient le pivot de toute gestion locative raisonnée.

Depuis 2021, le DPE a été réformé. Il s’appuie sur des critères précis : isolation, chauffage, ventilation, production d’eau chaude… Le document est valable dix ans, sauf rénovation majeure. Cette politique traduit la volonté française de synchroniser la location avec les objectifs européens de transition énergétique. La performance énergétique n’est plus un bonus : c’est la nouvelle norme du marché locatif.

Quels logements sont réellement interdits à la location selon leur classe énergétique ?

Depuis le 1er janvier 2023, la France a clairement haussé le niveau d’exigence. Un logement classé G avec plus de 450 kWh/m²/an ne peut plus être loué. Cette règle, issue de la loi climat et résilience, frappe les logements les plus énergivores d’exclusion immédiate du marché locatif.

Mais la loi ne s’arrête pas là. L’étau se resserre au fil des ans : en 2025, tous les logements G seront concernés, puis les F en 2028 et les E en 2034. Le but est limpide : faire disparaître progressivement du marché les biens à très faible performance et accélérer la transition environnementale du parc locatif.

Pour y voir clair, voici un récapitulatif des seuils d’interdiction à la location selon la classe énergétique :

  • G+ (plus de 450 kWh/m²/an) : interdiction immédiate depuis 2023
  • G : interdiction à partir de 2025
  • F : interdiction à partir de 2028
  • E : interdiction à partir de 2034

La notion de passoire énergétique s’est imposée dans le débat public. Cette réglementation ne cherche pas seulement à sanctionner : elle pousse les propriétaires à réinventer la qualité de leur bâti et à investir dans sa transformation. Il ne s’agit plus seulement de respecter la loi : il s’agit d’engager l’avenir du marché locatif et d’agir pour la planète.

Exceptions et dérogations : dans quels cas peut-on encore louer un logement mal classé ?

Aussi stricte soit-elle, la réglementation n’est pas totalement hermétique. Certains propriétaires peuvent encore louer des logements classés F ou G, à condition de respecter des critères précis. Première situation : les travaux de rénovation énergétique sont impossibles à réaliser pour des raisons techniques. Par exemple, sur un immeuble classé ou situé dans un secteur protégé, des contraintes architecturales peuvent rendre la rénovation inenvisageable. Dans ce cas, un audit énergétique approfondi sert à justifier la demande de dérogation.

Autre cas : le refus de l’assemblée générale de copropriété d’autoriser les travaux nécessaires. Le bailleur doit alors fournir la preuve de toutes les démarches entreprises. Sans ce dossier solide, la location tombe dans l’illégalité. Certains biens, par nature ou du fait de matériaux anciens et d’une configuration atypique, ne pourront jamais atteindre les seuils exigés, malgré la meilleure volonté du propriétaire.

Le coût joue aussi un rôle : si le montant des travaux dépasse la valeur du bien, la loi permet une tolérance, à condition de pouvoir le prouver avec des devis à l’appui. Ces exceptions restent rares et très encadrées, mais elles existent.

Dans certains cas, mobiliser les dispositifs comme l’éco-prêt à taux zéro, les CEE, la TVA réduite ou des aides locales peut permettre d’effectuer une partie des travaux et d’obtenir un délai supplémentaire. La législation évolue en permanence : elle impose une veille juridique constante aux propriétaires. L’interprétation des dérogations dépend souvent des décisions locales et de la jurisprudence : un terrain mouvant, où la prudence reste de mise.

Jeune femme lisant une lettre de refus de location

Logements E, F et G : enjeux, obligations et perspectives pour les bailleurs

Les logements classés E, F ou G, souvent désignés comme passoires énergétiques, cristallisent les tensions entre les ambitions environnementales et les réalités du marché locatif. Le calendrier des interdictions se précise : la classe G est déjà concernée pour les nouveaux baux, suivront les F, puis les E à l’échéance 2034. Cette dynamique, dictée par le combat contre la précarité énergétique, redéfinit la gestion locative.

Désormais, les propriétaires doivent répondre à des obligations renforcées : fournir un DPE à jour, engager des travaux de rénovation énergétique pour sortir de la zone rouge, ou prouver l’impossibilité de mise en conformité avec un audit énergétique solide. Parfois, le coût de ces travaux dépasse la valeur du bien : un casse-tête pour nombre de bailleurs.

Quelles perspectives pour les propriétaires ?

Face à ces défis, plusieurs leviers d’action s’offrent à eux :

  • S’appuyer sur les aides financières : éco-prêt à taux zéro, certificats d’économies d’énergie, dispositifs locaux… Autant de solutions pour réduire la facture des travaux.
  • Suivre de près les évolutions réglementaires : chaque année, la jurisprudence affine les contours des exceptions et des obligations.
  • Réévaluer la valeur de leur patrimoine : un bien mal noté perd en rentabilité et en liquidité sur le marché.

La rénovation énergétique devient un passage obligé pour continuer à louer. Entre pression réglementaire et arbitrages économiques, chaque propriétaire doit composer avec cette nouvelle donne. Un bail, un diagnostic, un devis : aujourd’hui, chaque détail compte et façonne l’avenir du parc locatif français.

Demain, louer un logement énergivore relèvera de l’exception : une page se tourne, et il n’est plus temps d’attendre que la loi frappe à la porte.

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